
La cystite chez le chat
Une cystite est une inflammation de la vessie. Ce n’est pas le nom d’une maladie mais plutôt d’un ensemble de symptômes pouvant être causé par plusieurs maladies. Les signes de cystites sont un motif fréquent de consultation chez le vétérinaire, notamment en urgence.
Quels sont les signes cliniques d’une cystite ?
Les signes de cystite sont facilement reconnaissables. Tout d’abord, les chats atteints présentent une difficulté à uriner appelée dysurie : le chat reste longtemps en position alors qu’il n’émet que peu d’urines. Attention, cette dysurie peut être confondue de premier abord avec une constipation. Souvent, une pollakiurie est aussi présente : le chat émet fréquemment de petites quantités d’urines, les allers-retours à la litière sont fréquents. Enfin, la présence de sang dans les urines est parfois présente : elle n’est pas systématique et bien qu’effrayante, n’est pas un critère de gravité lors de cystite.
Une douleur lors des mictions peut également être observée, ainsi que l’émission d’urines dans des endroits inappropriés. Il ne s’agit pas vraiment d’une malpropreté mais d’un besoin impérieux d’uriner. Chez les chats mâles, un léchage intempestif du pénis est souvent observé.
Des symptômes généraux peuvent également survenir, ils traduisent le stress et la douleur ressentis par l’animal : agitation, inappétence, comportement inhabituel.
Une complication grave peut survenir chez les chats mâles : l’obstruction urinaire. Les symptômes sont alors plus inquiétants : anorexie totale, abattement, douleur prononcée, vomissements ou encore difficultés locomotrices.
Les différentes causes des cystites
La cystite idiopathique est la plus fréquente : elle concerne environ 2 chats sur 3 présentés au vétérinaire pour des symptômes de cystite. Le terme idiopathique signifie que sa cause n’est pas connue. Son diagnostic passe donc par l’exclusion des autres causes de cystite. La cystite idiopathique a fait l’objet de nombreux travaux de recherche car elle est un modèle animal spontané de la cystite interstitielle rencontrée chez la femme. Malgré une compréhension incomplète des mécanismes mis en jeu, de nombreuses modifications vésicales mais aussi générales ont été mis en évidence, tout particulièrement au niveau du système nerveux. Les chats atteints semblent réagir de manière anormale à certains stimuli stressants de leur environnement. Un événement particulier comme un déménagement, un départ en vacances ou l’introduction d’un nouvel animal dans le foyer peut servir de déclencheur à une crise de cystite idiopathique.
Les calculs urinaires sont la deuxième cause la plus fréquente de cystite chez le chat (environ 15% des cas). Ces calculs peuvent causer une cystite mais également une obstruction urinaire. Une radiographie ou une échographie de l’abdomen peuvent mettre en évidence les calculs.

Radiographie abdominale chez un chat Persan montrant des signes de cystite. Plusieurs calculs sont nettement visibles dans la vessie.
Les infections urinaires sont peu fréquentes. Elles sont rencontrées la plupart du temps chez des chats âgés. L’infection urinaire se diagnostique sur une analyse urinaire standard éventuellement complétée par une bactériologie urinaire.
Les tumeurs vésicales ou urétrales sont beaucoup plus rares. Elles se développent plus volontiers chez des chats âgés. Leur diagnostic peut parfois être complexe et nécessite la mise en œuvre d’examens d’imagerie et la réalisation de prélèvements à visée diagnostique (biopsies).
Traitements possibles lors de cystite
Le traitement de fond dépendra bien sûr de la cause de la cystite.
Un régime alimentaire particulier est fréquemment prescrit. En cas de calculs vésicaux, il peut avoir pour but de modifier les conditions urinaires afin de provoquer leur dissolution. Lors de cystite idiopathique, la prescription d’un régime alimentaire vise principalement à réduire la concentration urinaire et permettra de diminuer la fréquence des crises.
Lors de cystite idiopathique, une réflexion sur le milieu de vie et la qualité de vie du chat doit être initiée afin d‘identifier certaines sources potentielles de stress.
Certains types de calculs ne peuvent pas être dissouts par l’alimentation et doivent donc être extraits lors d’une chirurgie.
Lors d’infection urinaire avérée, des antibiotiques sont prescrits.
L’obstruction urinaire
Chez le chat mâle, toute cause de cystite peut déboucher sur une obstruction urinaire. Cette obstruction est en général multifactorielle : elle peut être mécanique (calculs urinaire, caillot sanguin) et/ou fonctionnelle (sous l’effet de la douleur, un spasme de l’urètre peut survenir). L’obstruction urinaire est une urgence et mérite une consultation dans les plus brefs délais.
La priorité est de permettre au chat de pouvoir éliminer ses urines. Pour cela, une sonde urinaire doit être placée et laissée à demeure. Elle est placée sous anesthésie et de manière stérile. La sonde urinaire est laissée à demeure pendant une durée variable, puis elle est retirée.

Une sonde urinaire a été mise en place chez ce chat présentant une obstruction urinaire. Les urines teintées de sang sont évacuées.

La sonde urinaire est collectée à un système clos de collecte des urines.
En cas d’obstruction récurrente, lorsque le traitement médical a épuisé toutes ses possibilités, la réalisation d’une urétrostomie est indiquée. Il s’agit d’une intervention chirurgicale dont le but est de raccourcir l’urètre du chat en amputant le pénis puis en le connectant directement à la surface de la peau en prenant soin de ménager un orifice suffisamment large. Cette intervention permet de prévenir le risque d’obstruction mais ne constitue en rien un traitement de la cystite sous-jacente.