L’Hyperthyroïdie chez le chat

Hyperthyroïdie chez le chat

L’hyperthyroïdie est une maladie caractérisée par un excès de production des hormones thyroïdiennes: la thyroxine (T4) et la triiodothyronine (T3). Le développement d’une ou plusieurs tumeur bénignes (adénomes thyroïdiens) ou d’une hyperplasie nodulaire de la thyroïde sont le plus souvent à l’origine de l’augmentation de production des hormones thyroïdiennes. Une tumeur  thyroïdienne maligne n’est identifiée que dans 1 à 3% des cas.

L’hyperthyroïdie est le plus souvent identifiée chez des chats d’âge avancé (13 ans en moyenne). Seulement 5% des cas ont moins de 8 ans. Les signes cliniques les plus fréquents sont un amaigrissement, un appétit augmenté (polyphagie) et des degrés variables d’hyperactivité. Ces signes sont expliqués par l’augmentation marquée du métabolisme basal chez ces chats. Les autres signes fréquemment rapportés sont une augmentation de la soif (polydypsie) et de la production d’urines (polyurie), des signes digestifs (vomissements, plus rarement diarrhée), une augmentation du volume des selles, un halètement (1. Vidéo Halétement : Halètement (polypnée) observé au cours de la consultation d’un chat hyperthyroïdien. Ce symptôme est la plupart observé à l’occasion d’un événement stressant pour le chat.), un pelage piqué (Photos 1).

Photo 1 : Amaigrissement chez un chat atteint d’hyperthyroïdie. Les propriétaires rapportaient un appétit augmenté chez ce chat.

 

Lors de l’examen clinique, le vétérinaire palpe la région cervicale à la recherche d’un ou plusieurs nodules thyroïdiens (Photo 2). Les autres anomalies fréquemment identifiées sont une tachycardie (fréquence cardiaque élevée), une auscultation cardiaque anormale (souffle, arythmies, bruit de galop), une intolérance au stress, des lésions oculaires.

Le bilan hématologique et biochimique de routine ne permet pas de diagnostiquer une hyperthyroïdie. Les anomalies les plus fréquentes sont une élévation des enzymes hépatiques (ALT et ALP), une densité urinaire basse, une protéinurie. Le diagnostic est le plus souvent obtenu en documentant une élévation de la T4 totale (thyroxinémie) dans le sang. Ce seul examen permet de diagnostiquer la majorité des chats atteints d’hyperthyroïdie. Cependant, une valeur normale n’exclut pas cette maladie en cas de suspicion forte: en effet, les niveaux sanguins de T4 totale fluctuent dans le temps et certains facteurs non thyroïdiens (autre maladie, médicaments) peuvent artificiellement faire baisser le niveau sanguin de T4 totale. Les autres tests envisageables sont une mesure de la T4 libre, un test de suppression à la T3 ou une scintigraphie (peu disponible).

Photo 2 : Palpation de la région cervicale à la recherche d’un nodule thyroïdien.

Il existe diverses méthodes de traitement de l’hyperthyroïdie. Indépendamment de la méthode choisie, une baisse de la fonction rénale est attendue avec la restauration d’une fonction thyroïdienne normale. C’est pourquoi une méthode de traitement réversible est le plus souvent choisie en première intention.

Les antithyroïdiens sont souvent le traitement de première intention. Les deux molécules disponibles en France sont le méthimazole et le carbimazole. Elles sont d’efficacité équivalente: le carbimazole est transformé en méthimazole après absorption. Environ 3 semaines après initiation du traitement, le chat doit être réévalué afin de contrôler l’efficacité du traitement et rechercher la survenue d’effets secondaires. Ces derniers sont relativement fréquents puisqu’ils sont rapportés dans 10 à 25% des cas. Une anorexie, des vomissements et un abattement sont le plus souvent rapportés. Ils peuvent dans certains cas justifier d’interrompre le traitement. Ils sont réversibles à l’arrêt du traitement. D’autres effets secondaires moins fréquents sont rapportés: troubles hématologiques, excoriations de la face et du cou, troubles hépatiques, myasthénie (Photo 3).

Photo 3 : Excoriation cervicale auto-infligée chez un chat recevant un traitement anti-thyroïdien (méthimazole). Cet effet secondaire rare est réversible mais justifie d’interrompre le traitement.

 

Une alimentation appauvrie en iode est disponible depuis quelques années et semble être efficace dans le contrôle de l’hyperthyroïdie chez le chat. Cet aliment doit cependant constituer la seule source d’alimentation du chat traité. En effet, des à côtés même en petites quantités peuvent apporter suffisamment d’iode pour causer un échec de ce traitement. Il n’existe pas de données sur l’utilisation de ce mode de traitement à long terme.

La méthode de traitement définitif recommandée est la radiothérapie métabolique. Une injection d’iode radioactif (I131) est faite au chat hyperthyroïdien. Le tissu thyroïdien fonctionnel va capter l’I131 et les rayonnements émis vont provoquer la mort cellulaire au sein des nodules fonctionnels. Cette méthode de traitement nécessite des installations conformes aux normes de radioprotection. Le chat doit rester hospitalisé jusqu’à plusieurs semaines avant de pouvoir être rendu à ses maîtres pour éviter leur exposition à la radioactivité. Cette modalité de traitement n’est pas disponible à l’heure actuelle dans le Sud-Ouest de la France.

Enfin, la chirurgie est également une modalité thérapeutique envisageable lors d’hyperthyroïdie. Elle est cependant de moins en moins populaire en raison de l’existence d’alternatives efficaces et moins invasives, du risque de complications per et post-opératoires parfois sévères. Elle implique également de documenter précisément la localisation du tissu thyroïdien sécrétant, ce qui nécessite en toute rigueur la réalisation d’une scintigraphie qui est un examen peu disponible et coûteux.

 

 

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