L’insulinome chez le chien

Les causes

Un insulinome est une tumeur qui prend son origine dans les cellules pancréatiques appelées cellules 𝛃 des îlots de Langerhans. Ces cellules sont responsables de la fabrication de l’insuline, dont le rôle est notamment de faciliter le stockage et l’utilisation du glucose. C’est une hormone hypoglycémiante. La sécrétion d’insuline est normalement stimulée lorsque la glycémie (le taux sanguin de glucose) augmente. Mais lorsqu’un insulinome se développe, la sécrétion d’insuline devient excessive et échappe à tout contrôle, conduisant au développement d’une hypoglycémie.

Un insulinome est une tumeur qui doit toujours être considérée maligne. Elle est susceptible de métastaser notamment au noeuds lymphatiques, au foie, au poumons.

Les symptômes

L’insulinome touche des chiens plutôt d’âge moyen à avancé (moyenne de 9 à 10 ans), plutôt de grande race. Ils sont le plus souvent présentés pour des signe neurologiques secondaires à l’hypoglycémie: faiblesse, crises convulsives, syncopes, tremblements, désorientation ou changements de comportement. Une prise de poids ou une augmentation de l’appétit sont également parfois rapportées.

L’examen clinique est souvent peu informatif. Les signes d’une neuropathie périphérique sont parfois identifiés. Un insulinome est suspecté sur la base de signes cliniques compatibles et de la démonstration d’une hypoglycémie qui est le plus souvent marquée. Une mise à jeun est rarement nécessaire pour que l’hypoglycémie devienne évidente. L’exclusion des autres causes d’hypoglycémie est recommandée (hypocorticisme, insuffisance hépatocellulaire, origine tumorale autre que pancréatique notamment). L’insuline doit ensuite être mesurée dans le sérum, collecté lors d’un épisode d’hypoglycémie marquée (< 0,6 g/L). L’identification d’une insulinémie au dessus des valeurs de référence ou comprise dans la moitié supérieure de l’intervalle de référence  est en faveur d’un diagnostic d’insulinome.

La prise en charge

Une échographie abdominale est habituellement pratiquée. Elle vise tout d’abord à identifier une masse pancréatique (Figure 1). Cependant, les insulinomes sont souvent de petite taille et le pancréas est parfois difficile à évaluer de manière exhaustive. L’absence de masse pancréatique identifiable à l’échographie ne permet donc pas d’exclure un insulinome. L’échographie permet aussi de détecter la présence éventuelle de métastases (noeuds lymphatiques de drainage, foie) (Figure 2). Quelquefois, seules les métastases sont d’ailleurs identifiées. La performance diagnostique de l’échographie abdominale est largement influencée par la qualité du matériel utilisé et l’expérience et les qualifications de l’opérateur. Le scanner abdominal est plus sensible que l’échographie dans la détection des insulinomes (Figure 3). Un scanner thoracique est habituellement fait dans le même temps pour compléter le bilan d’extension (recherche d’éventuelles métastases pulmonaires).

 

 

Le traitement de l’insulinome est tout d’abord médical. Il est recommandé de nourrir les chiens atteints avec un régime alimentaire riche en fibres, carbohydrates complexes et graisses afin de prolonger l’élévation de la glycémie après chaque repas. La ration est divisée en plusieurs petits repas sur la journée. L’exercice physique est limité afin de ne pas déclencher de crise d’hypoglycémie. L’utilisation de corticoïdes permet de contrer les effets de l’insuline au niveau cellulaire. Ses effets sont doses-dépendants, la posologie est donc ajustée en fonction du degré de contrôle des signes cliniques. D’autres molécules utilisées plus rarement (diazoxide, ocréaotide) peuvent être employées lors d’hypoglycémie réfractaire.

Lorsque cela est possible, le traitement de choix de l’insulinome est chirurgical. Le but du traitement est d’éliminer le plus de tissu tumoral possible, y compris si des métastases sont présentes. Le bilan d’imagerie médicale pré-opératoire permet de guider le geste du chirurgien mais une exploration minutieuse est toujours effectuée au moment de la chirurgie (Figure 4). Une attention particulière est apportée au contrôle de l’hypoglycémie durant la période péri-opératoire en administrant des perfusions supplémentées en glucose. Les complications pouvant être rencontrées après ce type de chirurgie sont le développement d’une pancréatite, d’un diabète sucré (rarement) ou la persistance d’une hypoglycémie. Cette dernière est alors associée à la persistance de tissu tumoral (métastases ou excision incomplète de la tumeur pancréatique) en quantité suffisante pour provoquer une hypoglycémie.

Le pronostic de l’insulinome chez le chien est toujours réservé, en raison de la nature maligne de ce type de tumeur et donc du développement ultime de métastases. Cependant, des survies prolongées peuvent être obtenues avec une prise en charge adéquate. D’une manière générale, la survie est plus longue si le traitement est chirurgical comparé à un traitement uniquement médical (60 à 70% de chiens vivants à 1 an post-opératoire, médianes de survie 1 à  2 ans en fonction des études). La présence de métastases au moment du diagnostic est associée à une survie plus brève. Cependant, certains chiens dans ce cas peuvent présenter des survies prolongées après chirurgie et mise en place du traitement médical.

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