
Otite chronique chez le chien et le chat
Les affections de l’oreille sont fréquentes et représentent souvent un challenge thérapeutique. L’otite externe, inflammation du conduit auditif externe, a une prévalence de 10 à 20% chez le Chien, et 2 à 6% chez le Chat. Elle est présente chez près de 80% des animaux souffrant d’hypersensibilité alimentaire primaire et dans 55 à 80% des cas chez des chiens avec une dermatite atopique. Une otite moyenne survient secondairement à une otite externe dans près de 50% des cas. Les récidives, l’évolution de l’affection, et la difficulté à réaliser le traitement au quotidien sont des causes de lassitude des propriétaires et de douleur pour l’animal.
L’intérêt de la chirurgie dans le traitement des affections de l’oreille est maintenant reconnu depuis plusieurs années. La chirurgie ne doit cependant en aucun cas se substituer à une démarche médicale rigoureuse (notamment dermatologique) sous peine d’échec majeur.
Intérêts de l’imagerie
L’objectif de l’imagerie dans le cadre de la gestion chirurgicale d’une otite est triple:
rechercher une otite moyenne associée pouvant être à l’origine des échecs de traitement;
rechercher une cause éventuelle comme une tumeur et effectuer alors un bilan d’extension;
planifier sa chirurgie et « éviter » les mauvaises surprises peropéraroires.
Deux techniques sont disponibles:
la radiographie: son interprétation est délicate en raison de la superposition des structures osseuse de la face et les lésions ne sont pas toujours visibles;
le scanner qui est devenu l’examen de choix.
Quelle technique chirurgicale ?
Les chirurgies limitées à une partie du conduit auditif sont plus simples techniquement à réaliser mais leurs indications sont réduites. Dans la très grande majorité des cas, le retrait complet du conduit auditif avec ouverture de la bulle tympanique est la chirurgie recommandée.
Les indications de cette chirurgie sont:
les otites chroniques ou récidivantes avec prolifération tissulaire et sténose du conduit ne répondant pas au traitement médical
les tumeurs;
les traumatismes sévères ;
certaines anomalies congénitales type atrésie partielle ;
les abcès para auriculaires ;
les otites moyennes sans rémission.
Quelles sont les conséquences ?
L’esthétique de l’animal n’est pas modifiée à l’exception des chiens à oreilles dressées chez lesquels une chute de la tenue de l’oreille est parfois constatée. Les animaux sont plus confortables car moins douloureux. La chirurgie ne modifie pas l’acuité auditive de l’animal qui de toute façon entend, avant l’intervention, avec un conduit bouché et le plus souvent une bulle tympanique pleine de liquide. Le propriétaire n’a plus l’obligation quotidienne de mettre des gouttes dans les oreilles. Le confort de vie est également amélioré en éliminant une source d’odeurs parfois désagréables.
Une collerette est maintenue jusqu’au retrait des points. En cas d’infection locale, une antibiothérapie adaptée et des soins locaux sont nécessaires.
Les complications potentielles sont :
une paralysie faciale définitive dans à peine 10% des cas avec un défaut de clignement de la paupière et un oeil « sec », une lèvre tombante ;
une infection de la plaie opératoire. Le conduit contient des germes qui peuvent contaminer la zone opératoire. Le recours à des prélèvement pour bactériologie est quasi systématique pour proposer une antibiothérapie ciblée.
un syndrome vestibulaire avec des troubles de l’équilibre passagers ;
des fistules chroniques;
Les complications totales sont inférieures à 10%. L’évaluation à long terme admet 92% d’excellents résultats.