
L’otite chez le lapin
Les particularités anatomiques et physiologiques des lapins
Les lapins béliers sont vraiment craquants avec leurs oreilles basses, mais ce trait physique si particulier peut leur causer du tort. En réalité les oreilles basses s’accompagnent d’un conduit auditif plié en deux.
Cet état entraine un défaut de circulation de l’oxygène, une macération du contenu auriculaire et une accumulation de cérumen, avec notamment le développement de bactéries. En résulte la formation de pus, et le terme bien connu d’otite.
Autre particularité, et celle-ci commune aux lapins béliers comme aux lapins à oreilles droite : leur pus est presque solide. La raison qui explique sa consistance épaisse est qu’il manque aux lapins une enzyme présente chez d’autres mammifères (chiens, chats, humains…), et qui donne cette consistance plus liquide au pus.
Comment évoluent les otites ?
- Pour les lapins à oreille droite, l’otite est plutôt ascendante. C’est-à-dire que l’infection passe de l’oreille moyenne au conduit auditif externe en traversant le tympan. La cause de l’infection peut venir de plusieurs sources, comme notamment des pathologies dentaires ou respiratoires, qui se dispersent et finissent par atteindre l’oreille moyenne.
- Chez les lapins béliers l’otite est souvent descendante, se développant dans un premier temps dans le conduit auditif externe (à cause de leur particularité physique décrite plus haut), puis à mesure de son évolution, traverse le tympan pour atteindre ensuite la bulle tympanique. Une fois dans la bulle tympanique, siège de l’oreille moyenne, l’infection peut encore progresser grâce à la trompe d’Eustache (une communication entre l’oreille moyenne et l’arrière de la gorge), et coloniser les voies respiratoires.
Si l’infection atteint l’oreille moyenne, elle peut évoluer vers une otite interne en s’accompagnant de signes nerveux : le plus connu étant le syndrome vestibulaire (en cas d’otite la tête penche généralement vers l’oreille la plus touchée). Peuvent aussi être observés un nystagmus, une paralysie hémifaciale, parfois une perte de poids et même des roulés-boulés dans les cas sévères.
Comment diagnostiquer une otite et son degré d’avancement ?
La pose du diagnostic d’otite se réalise avec les signes cliniques, l’observation du conduit auditif ainsi qu’avec des examens d’imagerie. L’état de l’oreille moyenne ne peut réellement être défini que par un scanner du crâne, ne pouvant être visualisé physiquement.
Comme démontré plus haut, une otite moyenne/interne peut également s’accompagner d’une atteinte respiratoire (haute ou basse) qui peut alors être également identifiée par l’examen de scanner.
Et le traitement dans tout ça ?
Un nettoyage régulier des oreilles est important et aide à ralentir un peu le processus mais le seul traitement curatif consiste en un retrait mécanique du pus via la chirurgie, car sa consistance crémeuse empêche son retrait par nettoyage simple.
Car en effet, les antibiotiques seuls n’arrivent pas à pénétrer jusqu’au centre du pus où sont logées les bactéries, par manque de vascularisation.
La chirurgie envisagée sur l’oreille dépend alors du lapin, et du degré d’avancement de l’otite. Généralement le but est de corriger la forme du conduit auriculaire et de retirer le pus, dans l’optique d’éviter que les otites ne récidivent pas en permettant d’aérer le conduit. A l’heure actuelle il est malheureusement impossible de prévoir la vitesse d’évolution des otites, raison pour laquelle il est bon d’être vigilant et de faire des checks up réguliers.