Bien que restreint à un domaine spécialisé, l’électrodiagnostic a des indications étendues. Ceci, associé à son caractère non invasif, doit nous inciter un peu plus à prescrire cet examen complémentaire.
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Dr vétérinaire Laurent Fuhrer, Dipl ECVN, PhD en biomécanique et physiologie du mouvement, EBVS® European Specialist in Veterinary Neurology, ancien interne ENVA
L’électrodiagnostic a un intérêt dans le cadre d’une affection du système nerveux périphérique dont l’expression clinique n’est pas caractéristique, mais aussi dans la mise en évidence des lésions nerveuses ou musculaires secondaires, comme dans certaines affections métaboliques.
L’électrodiagnostic est également indiqué dans le suivi des neuropathies périphériques, car il permet de relever des signes précoces de récupération fonctionnelle.
Enfin, et c’est une spécificité de la médecine vétérinaire, les animaux expriment mal certaines affections comme les neuropathies sensitives, qui font l’objet de descriptions « sensorielles » détaillées en médecine humaine : fourmillement, sensibilité thermique, tactile, membres fantômes…
Dans ces situations, l’électrodiagnostic peut être d’un grand secours, pour préciser ou confirmer le diagnostic tout en donnant des éléments de pronostic.
En pratique, un examen électrophysiologique est prescrit dans les situations suivantes :
– Lors de suspicion de traumatisme des nerfs périphériques : fracture vertébrale ou appendiculaire, risque d’étirement ou d’avulsion de racines nerveuses (lésion fréquente lors d’accident sur la voie publique). L’électrodiagnostic permet ici de faire un bilan lésionnel, mais aussi et surtout de donner un pronostic fonctionnel. Lorsque les lésions sont réversibles, l’électrodiagnostic permet également de suivre les progrès réalisés par l’animal et de justifier ou de guider la physiothérapie.
– Dans les fractures, lorsque l’examen neurologique est difficile à réaliser correctement, l’électromyographie apporte une réponse sans ambiguïté qui permet ainsi d’éviter d’opérer un membre paralysé de façon définitive.
– Dans les suspicions de tumeur des nerfs périphériques : l’électrodiagnostic permet de localiser précisément les zones de compression ou d’infiltration tumorale. Ces informations sont utiles pour évaluer le pronostic ou préparer une éventuelle chirurgie en croisant les informations avec celles données par l’imagerie.
– Lors de suspicion de neuropathie ou de polyneuropathie périphérique. Dans ces maladies, si le déficit nerveux est souvent évident, la caractérisation et la localisation des lésions sont en revanche quelquefois difficiles. Il peut s’agir d’affections relativement rares comme les polyneuropathies métaboliques (hypothyroïdie, diabète sucré), ou plus fréquentes telles qu’une polyradiculonévrite. Le diagnostic de cette dernière passe forcément par l’électrodiagnostic, qui seul permet de montrer l’atteinte des racines nerveuses.
– L’électrodiagnostic a également une indication dans le syndrome de la queue de cheval, car il est indispensable, avant toute intervention chirurgicale, de s’assurer que le déficit fonctionnel, donc le diagnostic anatomique, est bien compatible avec les informations apportées par l’imagerie.
– Lorsque la distinction neuropathie/myopathie n’est pas possible cliniquement. Cela est observé dans certaines polyneuropathies ou polymyosites, quand les réflexes tendineux ou l’exploration des dermatomes n’apportent pas de réponse sans ambiguïté. Cette situation est plus fréquente qu’on ne le croit, tant l’interprétation des réflexes et l’estimation du tonus musculaire sont subjectifs. De plus, cette interprétation est surtout basée sur la présence et la qualité des mouvements, lesquels peuvent être perturbés aussi bien par une lésion nerveuse que musculaire.
– Lors de suspicion d’atteinte de la jonction neuromusculaire : myasthénie, botulisme, intoxications. Un bloc neuromusculaire ou une fatigue musculaire anormale sont facilement visualisés lors d’une stimulation répétitive. Dans le cas de la myasthénie, l’électrodiagnostic permet de confirmer le diagnostic même lorsque l’atteinte est modérée. Il est également possible, en comparant les potentiels obtenus avant et après injection d’un anti-cholinestérasique, de visualiser immédiatement l’effet de ces produits sur la fatigabilité musculaire, et donc de confirmer ou d’infirmer le diagnostic de myasthénie.
– D’une façon générale dans les syndromes de fatigabilité/intolérance à l’effort, lorsque les examens biologiques et cardio-respiratoires sont normaux.
– Dans certaines incontinences, notamment fécales, par l’exploration du nerf honteux et du sphincter anal.
– Dans toutes les suspicions de myopathies. Certaines, pour la plupart héréditaires, ont des signes électromyographiques caractéristiques : myotonie, myopathie dystrophique (myopathie de Duchenne…). D’autres, comme les myosites, sont à l’origine d’une activité électrique anormale non spécifique et nécessitent une biopsie musculaire pour être confirmées.
Le cas particulier des potentiels évoqués auditifs (PEA) :
Les potentiels évoqués auditifs sont générés à partir d’un son multifréquence (appelé « clic » du fait de la courte durée de stimulation) appliqué au tympan du côté testé, par un système d’écouteurs (casque comme ici ou écouteurs intracanalaires). Les signaux générés sont enregistrés entre une première électrode placée à la base de l’oreille et une deuxième insérée au sommet du crâne. Une électrode de référence est placée sur le chanfrein. Le tracé normal est constitué de 5 pics correspondant à l’activité de divers relais allant des récepteurs de l’oreille interne jusqu’au thalamus.
Bien que restreint à un domaine spécialisé, l’électrodiagnostic a des indications étendues. Ceci, associé à son caractère non invasif, doit nous inciter un peu plus à prescrire cet examen complémentaire.
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